Les grands joueurs

qui ont contribués à l'évolution du jeu

 

 

Greco, le calabrais (1600-1634)
Né en 1600, Giochino Greco fut le premier adolescent de l'histoire des échecs à se révéler aussi fort que ses aînés. Il jouait pour gagner de l'argent. Son style tranchant lui valut une grande popularité, mais aussi de gros gains dans toutes les cours d'Europe.

Son credo : tout pour le mat ! Son talent, mais aussi la faiblesse des joueurs de son époque lui permettent des victoires éclatantes, aussi rapides que spectaculaires. En voici un échantillon ...

En dehors de son talent, Greco étudia la théorie des fins de partie et laissa quelques problèmes intéressants.

Greco mourut à 34 ans.

 

L'école de Modène

La fin du XVIIè siècle et le début du XVIIIè siècle allaient marquer l'apogée du style primitif. L'échec et mat était la seule préoccupation des joueurs de l'époque. On cherchait le KO d'entrée. Aussi, l'échange des dames était ressenti comme une petite catastrophe. L'échec et mat devenant ainsi improbable avant longtemps, on trouvait que la partie devenait terne et sans grand intérêt.

Les grands joueurs du XVIIIè siècle allaient venir d'Italie.

Domenico Lorenzo Ponziani (1719-1796) naquit à Modène. Il fut prêtre, juriste puis professeur à l'université. En dehors de sa profession, toute sa vie fut consacrée aux échecs. Il publia en 1782 un ouvrage sous le titre "Il Giuoco Incomparabile degli scacchi" où il étudie nombre d'ouvertures dont celle qui porte son nom (1.e4, e5 ; 2.Cf3, Cc6 ; 3.c3).

Citons également Domenico Ercole del Rio qui composa de nombreux problèmes (dont ce joli mat en 3 coups), et Giani Batista Lolli, partisan lui aussi de l'attaque à outrance.

 

Philidor (7 Sept 1726 - 31 Août 1795)
Né à Dreux près de Paris, François-André Danican, appelé Philidor, excelle non seulement aux échecs, mais aussi au jeu de dames et en musique. Il est d'ailleurs le créateur de l'opéra-comique en France et composera plusieurs opéras.

Son traité, "L'analyse du jeu des Echecs" paru en 1749, est traduit en plusieurs langues et fera autorité pendant un siècle.

Louis XVI, élève enthousiaste mais peu doué de Philidor, avait consenti à son professeur une rente viagère. Cette faveur royale faillit coûter la vie à son bénéficiaire lorsqu'éclata la Révolution : craignant Robespierre (joueur d'échecs également), Philidor se réfugia à Londres. Il fut membre du réputé London Chess Club pendant 30 ans.

Avant sa fuite, il avait néanmoins joué des parties célèbres, au Café de la Régence à Paris, contre Jean-Jacques Rousseau ou Voltaire. On vit ensuite dans ce lieu, devant l'échiquier, Robespierre et Bonaparte, tous deux faibles joueurs. En revanche, l'un des généraux de l'Empereur, Alexandre-Louis-Honoré Deschapelles, et son élève La Bourdonnais devinrent très rapidement les champions incontestés de leur époque.

On doit à Philidor cette fameuse maxime : "Les pions sont l'âme des échecs".

 

Alexandre-Louis-Honoré Lebreton Deschapelles (7 Mars 1780 - 27 Octobre 1847)
La suprématie des joueurs français d'échecs n'allait pas s'arrêter à la mort de Philidor. Deschapelles prit le premier la relève. Pendant une quinzaine d'années, il fut le champion incontesté du Café de la Régence.

Personnage de grande taille, à l'allure hautaine et sûr de sa force, il n'acceptait de jouer qu'en rendant l'avantage d'au moins un pion à ses adversaires. Il jouait souvent contre des adversaires moins forts que lui, donc avec un fort handicap, et gagnait avec un triomphe peu modeste.

Peu enclin aux analyses théoriques, il déclara tout bonnement : "L'étude des ouvertures est une perte de temps". Avec un tel état d'esprit, Deschapelles n'apporta rien de sérieux à la théorie du jeu, et pris dans l'histoire des échecs la place d'un brillant "joueur de café".

Deschapelles perdit de sa superbe au Café de la Régence quand il commença à perdre régulièrement ses parties face au jeune La Bourdonnais.

 

La Bourdonnais (1797 - 13 Décembre 1840)

Né à l'île de la Réunion (île Bourbon à l'époque), il était issu d'une noble famille et le petit-fils du gouverneur de l'île. Il fit ses études au lycée Henri IV à Paris mais il n'exerça aucune autre profession que celle de joueur d'échecs, qu'il adopta à l'âge de 20 ans.

Deux traits caractérisaient son jeu : son extrême rapidité d'analyse et son insatiabilité des échecs. Un chroniqueur anglais du nom de Georges Walker racontait "qu'à peine on avait joué son propre coup longuement médité et que l'on s'apprêtait à s'appuyer nonchalemment sur le dos de sa chaise que La Bourdonnais avait déjà joué à son tour". "Il dîne en 10 minutes, à côté de son échiquier et se remet au jeu dès qu'il a fini"

Son style de jeu, marqué par des combinaisons redoutables, dénote cependant sur les habitudes de l'époque par un grand souci de solidité et une patiente rare. Jamais d'attaque risquée, mais un jeu positionnel de centralisation préparant soigneusement l'offensive ultérieure.

Après avoir remporter son match contre Mac Donnell (voir plus bas), et de retour à Paris, il fonda la première revue d'échecs de tous les temps, Le Palamède. Alors que , considéré comme le champion du monde, tout semblait vouloir lui réussir, il tomba malade et mourut à l'âge de 43 ans.

 

Mac Donnell (1798-1835)

Cet irlandais né à Belfast émigra assez tôt à Londres où les échecs commençaient à connaître une grande vogue. Il se fit rapidement remarquer au Westminster Club par son style extrêmement brillant, marqué par des combinaisons d'attaque issues en droite ligne de l'école italienne.

Poussé par ses partisans, il lança en Juin 1834 un défi à La Bourdonnais, que celui-ci accepta d'emblée. Ce championnat du monde avant la lettre se déroula au Westminster Club de Londres en 6 matchs de 88 parties au total jouées sur deux ans !

L'avantage resta au français (44 parties gagnées, 14 nulles et 30 défaites).

Bien que passionnant et donnant lieu à des parties éblouissantes, ce match fut sans doute le moins bien organisé de toute l'histoire des tournois d'échecs. Un bruit continuel de conversations entourait les joueurs. Les spectateurs se penchaient sur l'échiquier et commentaient les coups de la partie en cours. Il n'était pas rare de voir un amateur arriver dans la salle, accourir vers les deux joueurs, leur serrer la main, leur demander à qui était le tour de jouer, et observer que la position de l'un lui semblait bien compromise !

Mac Donnell mourut brusquement le 14 Septembre 1835.

 

Saint-Amant (12 Septembre 1800 - 29 Octobre 1872)

Le successeur direct de La Bourdonnais allait être un autre élève de Deschapelles, en la personne de Pierre Saint-Amant. Il ne s'adonna que tard aux échecs. Contrairement à La Bourdonnais, il ne voyait pas d'avenir sérieux dans les échecs. Il séjourna en Angleterre en 1836 où il s'imposa contre les plus forts joueurs anglais. 

L'apogée de sa carrière se situa en 1843 puisqu'il battit à Londres le champion anglais Howard Staunton, mais la revanche de Staunton, la même année, fut cinglante (+11, =4, -6). Dépité, Saint-Amant délaissa un peu le jeu pour s'occuper de reprendre la revue Le Palamède qui avait cessé sa parution à la mort de La Bourdonnais.

Le style de Saint-Amant était comparable à celui de La Bourdonnais, solide en début de partie et sans prétention, grande force en milieu de partie où il savait exploiter la moindre chance d'attaque.

Le départ de Saint-Amant de la scène échiquéenne marquera la fin de la suprématie de la France sur les échecs mondiaux.

 

Staunton (1810 - 22 Juin 1874)

Fils illégitime de Frederic Howard, cinquième comte de Carlisle, il eut une enfance plutôt malheureuse et très peu d'instruction, mais il était intelligent et ambitieux. Ce n'est qu'à l'âge de 20 ans qu'il apprit les règles du jeu d'échecs. Passionné d'emblée, il devint un membre du Simpson's Divan, l'équivalent londonien du Café de la Régence, mais en plus confortable.

Dominateur et prétentieux, il fallait qu'il soit le centre d'attraction du club. Son allure était pompeuse et il était vêtu comme un capitaine au long cours, avec un maximum de décorations et d'insignes divers.

Bizarrement, son style de jeu ne laissait pas deviner une telle agressivité. Il était au contraire d'un calme imperturbable et d'un sang-froid à toute épreuve. Il fut le premier grand spécialiste du jeu fermé et du louvoiement des pièces derrière les lignes. Il jouait systématiquement l'ouverture anglaise (1.c4). Il fut un pionnier des fianchetti et du jeu sur les ailes.

Si Staunton a marqué de son empreinte le milieu du XIXè siècle, celà est surtout dû à son talent de théoricien et d'analyste. Bobby Fischer l'a même qualifié de "plus profond analyste des ouvertures de tous les temps".

Mais le nom de Staunton restera dans la mémoire de tous les joueurs d'échecs du monde pour une autre raison : c'est lui qui a donné son nom à la forme moderne des pièces. Elégantes, bien proportionnées et surtout très sobres, elles sont de nos jours universellement adoptées.

 

Anderssen (6 Juillet 1818 - 13 Mars 1879)

Né à Breslau en Allemagne, il apprit à 9 ans, de son père, les règles du jeu d'échecs. Vite enthousiasmé, il dévora les livres de Greco et Philidor. Malgré cette précocité, ce n'est qu'à l'âge de 30 ans qu'il disputa son premier tournoi (sa famille voyait sa passion d'un mauvais oeil). 

Il avait un style ultra-agressif, fait de violence et de fantaisie, faisant de lui le chef de file de "l'école romantique".

Sa carrière commença en 1848 par un match nul contre Harrwitz. Puis vint sa grande victoire au tournoi de Londres en 1851. Mais il perdit en 1858 face à Morphy. Il connut une victoire contre Kolisch en 1861, puis gagna le tournoi de Londres en 1862.

Son déclin fut amorcé par sa défaite cuisante contre l'autrichien Wilhelm Steinitz, après laquelle ce dernier se proclama champion du monde. Les idées "positionnelles" de Steinitz avaient pris le dessus sur le "romantisme".

Mais si l'efficacité était du côté de Steinitz, la popularité allait aux combinaisons étincellantes d'Anderssen. Même ses malheureux adversaires, éblouis par la façon dont Anderssen les battait, étaient presque satisfaits de perdre ainsi. Témoin le français Lionel Kieseritzky qui perdit contre lui la fameuse "partie immortelle" à Londres, juste après le tournoi de 1851, et qui envoya la partie à son club parisien, ne tarissant pas d'éloge sur son vainqueur.

La deuxième petite merveille qu'Anderssen nous a léguée a été jouée en 1852 à Berlin contre le théoricien allemand Jean Dufresne et a été surnommée "la toujours jeune".

 

Londres 1851 : premier tournoi international

Pour la première fois, un tournoi international se déroula à Londres, à l'initiative de Staunton. Celui-ci invita tous les plus grands champion de l'époque. Le premier prix fut fixé à 200 £, ce qui représentait beaucoup alors et qui choqua le modeste Anderssen.

Outre Anderssen et Staunton, les joueurs de marque en furent le hongrois Josef Szen, Johann Löwenthal, Lionel Kieseritzky et Horwitz. Les autres joueurs étaient de forts joueurs londoniens.

Parmi les inévitables défections : les russes Alexander Petrov et Karl Jaenisch, le français Saint-Amant et l'allemand von der Lasa.

Le système du tournoi était des duels directs, dont le perdant était tout bonnement éliminé, puis une finale dont sortait le vainqueur du tournoi.

Pour la première fois, le problème du temps de réflexion allait se poser. Aucune règle précise n'avait été émise à ce sujet, et seuls la correction et l'honneur imposait au joueur de ne pas faire attendre "trop longtemps" leur adversaire. Mais des abus étaient fréquents et des parties de 10 heures étaient monnaie courante !

Des incidents ne manquèrent pas de se produire et notamment Staunton abandonna de rage une partie contre le londonien Williams qui s'éternisait en conjecture. "Je n'admets pas la lenteur dans la médiocrité" aurait déclaré Staunton ... (il faudra plus de 30 ans pour voir apparaître la première pendule d'échecs mise au point par l'anglais Thomas Wilson, à l'occasion du  tournoi de Londres de 1883).

Le tournoi se termina par la victoire surprise d'Anderssen, Staunton n'étant que quatrième, derrière deux autres anglais, Wyvill et Williams.

Du coup, l'Allemagne, par l'intermédiaire d'Anderssen, allait prendre la vedette et, pendant plusieurs années, demeurer le maître incontesté des échecs, jusqu'au jour où un jeune américain de 20 ans traverse l'océan Atlantique ...

 

Morphy (22 Juin 1837 - 10 Juillet 1887)

Quand Paul Morphy, fils du juge de la Cour Suprême de Louisiane, atteignit ses 10 ans, son père, dont la plupart des loisirs étaient consacrés à la pratique des échecs, décida qu'il était temps de lui enseigner le jeu, pour qu'il puisse comprendre l'évolution des parties entre son oncle et son père, auxquelles l'enfant assistait souvent. Le juge Morphy fut fort étonné lorsque son fils avoua connaître déj les règles du jeu, qu'il avait déduites en les regardant jouer. Il ne fallut que quelques semaines de pratique pour que l'enfant ne perdit plus une seule partie contre son père. A 12 ans, Paul joue une partie contre son oncle Ernest, meilleur joueur de la Nouvelle-Orléans. Il gagne la partie ... qu'il a joué à l'aveugle !

A l'inverse de la famille d'Anderssen, celle de Morphy ne s'opposa pas aux dons de Paul. Bien au contraire, ils l'exhibèrent dans les clubs d'échecs de la région, et son oncle Ernest devint son impresario.

Il commença à battre de forts joueurs comme Löwenthal (Morphy avait à peine 12 ans).

Le premier championnat des Etats-Unis eut lieu en 1857 à New-York. Comme celui de Londres, 6 ans plus tôt, le tournoi se déroulerait par élimination directe. Les deux grands favoris étant Morphy et Paulsen, on craignait une confrontation prématurée entre les deux mais le hasard fit bien les choses. Les appariements furent Paulsen-Calthrop et Morphy-Thompson.

Tous étaient subjugués par l'allure de Morphy : 1,50 m, un visage de jeune fille, des manières impeccables, ses mains étaient gantées de blanc et déplaçaient les pièces avec une grâce toute féminine. Pour ajouter au côté énigmatique, il portait monocle et canne !

Il jouait avec une rapidité déconcertante (pas plus de 10 min par coup), et attendait impassiblement la réponse de ses adversaires. Et pourtant ceux-ci, dans des positions perdantes, passaient parfois une heure à réfléchir avant de jouer un coup, auquel Morphy répondait instantanément !

Au 2ème tour, il ne fit qu'une bouchée du juge Meek. Puis vint le tour de Paulsen. On se demandait comment Morphy allait s'attaquer au "roc", tant Paulsen (dont le style de jeu était inspiré des conceptions de Philidor) était réputé comme ayant un jeu solide, positionnel, bien construit, attendant la victoire pour la fin de partie. Paulsen se défendit fort bien mais fut surclassé par Morphy (+5, =1, -1).

Après cette victoire dans le tournoi de New-York, Morphy lança un défi officiel à tout joueur d'échecs pour un match dans lequel il offrait l'avantage d'un pion et du trait. Ce défi ne fut jamais relevé !

Paul Morphy joua peu entre 12 et 18 ans, se consacrant à ses études. Il sortit de l'université de Louisiane à 19 ans avec une capacité en droit. Cette précocité était facilité par une mémoire extraordinaire.

En Europe, on était impatient de la venue de ce "petit prétentieux sans expérience". Les américains firent le premier pas le 4 Février 1858 : le New Orleans Club invitait Howard Staunton à jouer contre Morphy pour un prix de 5000 $, tout frais payés. Comme toute réponse, Morphy se fit traiter de "professionnel" par Staunton dans une chronique cinglante de l'Illustrated London News. Furieux, Morphy partit sur le champ pour Londres en Juin 1858.

Arrivé à Londres (le jour de son 21ème anniversaire), il n'avait qu'une idée en tête : rencontrer Staunton pour mettre au point un match. La rencontre eut effectivement lieu au Saint-George's Chess Club et Morphy proposa à Staunton quelques parties légères. Celui-ci refusa, prétextant un rendez-vous urgent. En fait, Staunton voulait que Morphy se confronte d'abord aux autres membres du club. Morphy battit Owen (4 contre 1), puis Barnes (19 contre 7). Vint le tour de Löwenthal qui voulait une revanche de sa défaite concédé contre Morphy quand ce dernier avait 12 ans. Löwenthal perdit lui aussi.

Pendant ce temps, Staunton s'ingéniait à reporter le match qui l'opposerait à Morphy, et déclarait qu'il lui fallait encore quelques semaines de préparation. Agacé, Morphy lui donna carte blanche pour fixer la date, le lieu et les conditions du match. Après maintes péripéties et se rendant compte que Staunton ne voulait pas de ce match, Morphy partit pour Paris.

Morphy y rencontra l'étoile du Café de la Régence, Daniel Harrwitz. Le match, dont les pourparlers furent brefs, commença le 7 Septembre 1858. Surprise ! Harrwitz gagna la première partie. Celui-ci ne manqua pas d'ironiser sur la faiblesse de ces joueurs anglais qui n'arrivaient pas à battre Morphy, joueur moyen ! Il faut dire que Morphy participait à la vie nocturne parisienne et ne se couchait pas avant 4 heures du matin ! La deuxième partie fut également perdue par Morphy. Mais Morphy, piqué dans son amour-propre, déclara que Harrwitz ne gagnerait plus une seule partie ... ce qu'il fit ! Harrwitz abandonna, prétextant une maladie.

Voici une partie que Morphy joua contre le Duc de Brünswick et le comte Isouard, un soir de représentation de la Norma à l'Opéra de Paris. Cette partie est un modèle d'attaque à sacrifice, aussi célèbre que l'"immortelle" d'Anderssen. On comprend, au vu de la combinaison finale, la fascination exercée par Morphy sur ses contemporains !

Puis vint le match tant attendu entre Anderssen et Morphy. La première partie fut remportée par Anderssen. Mais Morphy était victime de son premier hiver nordique ! Dans la deuxième confrontation, Morphy prit l'avantage mais ne sut concrétiser et la partie se termina par la nullité. A l'ouverture de la troisième partie, la forme physique de Morphy était revenue et Anderssen fut écrasé en 20 coups ! Celui-ci, sportivement, proposa d'entamer la 4ème partie dans la foulée, ce qui ne lui réussit pas car il la perdit également. Puis Morphy gagna partie sur partie, ne concédant qu'une nulle lors de la 8ème. Morphy remporta une victoire éclair lors de la 9ème partie. Morphy perdit pourtant la 10ème mais au bout de 80 coups ! ce qui fit dire à Anderssen :" Morphy a besoin de 20 coups pour gagner, moi de 80 !". La 11ème partie clotura le match, puisqu'elle fut remportée par Morphy qui atteignait ainsi les 7 parties nécessaires.

Morphy rentra à New-York en Mai 1859 où il fut accueuilli en héros. Les festivités données en son honneur ne lui permirrent de rentrer à la Nouvelle-Orléans qu'en Décembre. Refusant de faire des échecs une profession, au grand dam de l'opinion publique, il s'établit comme juriste. Sa carrière en temps que joueur n'avait duré en tout et pour tout que 18 mois !

Le reste de sa vie ne fut que pure tragédie. Il développa un complexe de persécution et abandonna complètement les échecs en 1869. Le 11 Juillet 1887, sa mère le trouva mort dans sa baignoire.